Foire aux questions

Qu’est-ce que la dissociation?

La dissociation

La dissociation est une expérience de déconnexion et/ou de détachement de soi-même. Il s’agit d’aspects du fonctionnement humain, comme les comportements, les émotions, les sensations, les connaissances à propos de soi ou de monde, qui devraient être vécus ensemble, mais qui ne le sont pas. Par exemple, une personne peut avoir des oublis importants par rapport à son passé, ou se sentir détachée de son corps. 

La plupart des personnes peuvent expérimenter à certains moments de leur vie des expériences de dissociation. Certaines de ces expériences peuvent être non pathologiques et ne pas poser problème dans la vie de la personne, par exemple être très absorbé par un film ou des rêveries éveillées, de même que se sentir en étant de flow en exécutant une tâche au travail (Bernstein et Putnam, 1986).

Par contre, une proportion assez importante de la population, probablement 10 à 11%  (Kate, Hopwood et Jamieson, 2019), peut présenter à un moment ou à un autre de leur vie des symptômes dissociatifs que l’on appelle pathologiques, c’est-à-dire  qu’ils posent problème dans le fonctionnement d’une personne ou altèrent son bien-être et ses relations avec les autres.  Ceci peut être dû à un trouble dissociatif en soi. De plus, les symptômes dissociatifs peuvent être présents dans plusieurs autres troubles de santé mentale, comme l’état de stress post-traumatique ou le trouble de la personnalité limite. Les symptômes dissociatifs doivent faire l’objet d’un traitement approprié et spécifique à ce type de symptômes.

Références

Bernstein, E., et Putnam, F. W. (1986). Development, reliability, and validity of a dissociation scale. Journal of nervous and mental disease, 174 (12), 727-735.

Braun, B. G. (1988). The BASK model of dissociation. Dissociation, 1 (1), 4-23.

Kate, M.-A., Hopwood, T., & Jamieson, G. (2019). The prevalence of Dissociative Disorders and dissociative experiences in college populations: a meta-analysis of 98 studies. Journal of Trauma & Dissociation, 1–46.

Quels sont les troubles dissociatifs?

Les troubles dissociatifs

Selon le DSM-5 (APA, 2013), les troubles dissociatifs sont caractérisés par « une perturbation et/ou une discontinuité dans l’intégration normale de la conscience, de la mémoire, de l’identité, des émotions, de la perception, de la représentation du corps, du contrôle moteur et du comportement. » Il s’agit donc d’une rupture partielle ou complète de l’intégration normale du fonctionnement psychologique d’une personne.

Toujours selon le DSM-5, les troubles dissociatifs regroupent les problématiques suivantes :

Trouble dissociatif de l’identité

Le trouble dissociatif de l’identité se caractérise par la présence de deux ou plusieurs états de personnalité distincts et la présence d’amnésie, incluant par rapport à des souvenirs ordinaires.

Amnésie dissociative

L’amnésie dissociative réfère à l’incapacité à se rappeler des informations autobiographiques (habituellement pénibles).

Dépersonnalisation/déréalisation

Le trouble de dépersonnalisation/déréalisation consiste en des expériences d’irréalité ou de détachement de son esprit, de soi-même ou de son corps (dépersonnalisation) ou du monde extérieur (déréalisation) alors que l’appréciation de la réalité demeure intacte.

Autre trouble dissociatif spécifié / Trouble dissociatif non spécifié

Les catégories Autre trouble dissociatif spécifié ou Trouble dissociatif non spécifié réfèrent quant à elles à des troubles caractérisés par la prédominance de la dissociation mais ne correspondant pas aux trois premières catégories de troubles.

La dissociation est reconnue et documentée dans de nombreuses entités diagnostiques, pas seulement dans les troubles dissociatifs. Elle peut être présente même chez les personnes considérées « saines ». Si vous avez des symptômes dissociatifs qui interfèrent avec votre fonctionnement, il est important que cela soit traité en psychothérapie. En effet, ne pas considérer la dissociation lorsqu’elle est présente en concurrence avec d’autres diagnostics amène un moins bon pronostic.

Références

American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). https://doi.org/10.1176/appi.books.9780890425596

Qu’est-ce que le trauma?

Le trauma

Selon le DSM-5 (APA, 2013), un traumatisme est un événement où une personne a été confrontée à la mort ou à une menace de mort, à une blessure grave ou encore à une agression sexuelle d’une ou plusieurs des manières suivantes:

1. Avoir vécu directement l’événement traumatisant.

2. Avoir été témoin en personne de l’événement traumatisant.

3. Avoir appris qu’un membre de sa famille ou un ami proche a été victime de l’événement traumatisant.

 4. Être exposé de manière répétée ou extrême à des détails horrifiants de l’événement traumatisant. 

À cette définition peut s’ajouter le fait qu’une personne a de la difficulté à faire sens de l’événement et à l’intégrer dans sa conception préexistante d’elle-même et du monde (Howell, 2005; Moskowitz et al., 2019).

Références

American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). https://doi.org/10.1176/appi.books.9780890425596

Howell, E. (2011). Understanding and treating Dissociative Identity Disorder. Routledge.

Moskowit, A., Heinimaa, M. et Van der Hart, 0. (2019). Defining psychosis, trauma and dissociation: Historical and contemporary conceptions. Dans  A. Moskowitz, I. Schäfer and M. Dorahy (dir.), Psychosis, trauma and dissociation: Evolving perspectives on severe psychopathology (pp. 9-29). Wiley.

En quoi consiste un état de stress post-traumatique?

L’état de stress post-traumatique

Un état de stress post-traumatique (ESPT) est un ensemble de réactions qu’une personne présente suite à un  événement traumatique.

Cette réaction est caractérisée par  des symptômes envahissants associés à l’événement, par exemple, des souvenirs intenses et perturbants du trauma.

Il y a aussi présence d’un évitement de tout ce qui peut rappeler à la personne l’événement, comme un évitement ou un effort pour éviter des pensées liées à l’événement traumatique.

L‘ESPT comporte aussi une altération des pensées et de l’humeur, par exemple un état émotif négatif persistant (crainte, horreur, culpabilité ou honte) ou des pensées négatives envers soi-même, les autres ou le monde.

Finalement, il y a aussi présence d’une altération de l’éveil et de la réactivité, par exemple, de l’irritabilité, des réactions de sursaut, des problèmes de sommeil, etc. (APA, 2013).

Références

American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). https://doi.org/10.1176/appi.books.9780890425596

Qu’est-ce que le trauma complexe?

Le trauma complexe

Le trauma complexe réfère à la fois à l’exposition répétée à des événements traumatiques et au large éventail des impacts que cela amène sur le fonctionnement psychologique d’une personne. En effet, suite à des traumatismes ou à de la négligence physique et émotionnelle qui surviennent généralement dans l’enfance, qui sont souvent répétés, intrusifs, interpersonnels et intrafamiliaux, le développement est perturbé, notamment au niveau de l’identité, de l’attachement et de la régulation émotionnelle.

Cela fait en sorte que les personnes qui en souffrent développent de nombreuses difficultés psychologiques, dont les symptômes classiques de l’ESPT décrits dans la section précédente, en plus de symptômes d’anxiété, de dépression, de dissociation, des difficultés relationnelles, des problèmes en lien avec le suicide et l’automutilation, de même que de la dépendance à des substances. Ces difficultés requièrent un traitement adapté en trois phases (Ford & Courtois, 2009).

Références

Ford, J. D., et Courtois, C. A. (2009). Defining and understanding complex trauma and complex traumatic stress disorders. Dans C. A. Courtois et J. D. Ford (dir.), Treating complex traumatic stress disorders: An evidence-based guide (pp. 13–30). The Guilford Press.

Qu’est-ce qui cause la dissociation?

Causes de la dissociation

Il existe un lien très fort entre la dissociation et les traumatismes, plus particulièrement les traumas sexuels, physiques et émotionnels, de même que la négligence. Ces traumatismes sont souvent chroniques, sévères et surviennent à un jeune âge.  Ces situations génèrent souvent beaucoup de détresse, d’impuissance, voire même de la terreur. Également, la dissociation peut survenir dans le contexte de relations d’attachement, qui sont des relations affectives importantes, comme avec des parents par exemple, et se développe quand ces relations sont insécurisantes, imprévisibles ou effrayantes. Certains parents de personnes qui développent de la dissociation ont eux-mêmes un trouble dissociatif.

La dissociation devient alors un mécanisme de défense, une façon de gérer ces situations, car elle amène un  détachement ou une déconnexion de ces situations très difficiles ou intolérables. Ce mécanisme de défense est souvent utilisé quand il n’y a pas d’autres façons de gérer la situation ou d’être soutenu  émotionnellement. Quand le traumatisme ou les difficultés d’attachement sont répétés, la dissociation devient souvent de plus en plus cristallisée, ou automatique, dans le fonctionnement psychologique et peut survenir fréquemment dans la vie quotidienne, même en l’absence de traumatismes. Le fonctionnement et le bien-être sont alors altérés.

Références

International Society for the Study of Trauma and Dissociation [Chu, J. A., Dell, P. F., Van der Hart, O., Cardeña, E., Barach, P. M., Somer, E., Loewenstein, R. J., Brand, B. L., Golston, J. C., Courtois, C. A., Bowman, E. S., Classen, C., Dorahy, M., ̧ Sar,V., Gelinas,D.J., Fine, C.G., Paulsen, S., Kluft, R. P., Dalenberg, C. J., Jacobson-Levy, M., Nijenhuis, E. R. S., Boon, S., Chefetz, R.A., Middleton, W., Ross, C. A., Howell, E., Goodwin, G., Coons, P. M., Frankel, A. S., Steele, K., Gold, S. N., Gast, U., Young, L. M., et Twombly, J.]. (2011). Guidelines for treating dissociative identity disorder in adults, third revision. Journal of Trauma & Dissociation, 12 (2), 115–187.

Quel est le modèle en trois phases recommandé pour le traitement des troubles dissociatifs complexes?

Modèle de traitement en 3 phases

L’International Society for the Study of Trauma and Dissociation (ISSTD) recommande dans ses lignes directrices un traitement en trois phases pour les personnes atteintes d’un trouble dissociatif de l’identité ou d’autres troubles dissociatifs qui s’y apparentent, sans nécessairement en avoir toutes les caractéristiques.

Ce traitement en trois phases vise à reconnaître l’ensemble des difficultés vécues par ces personnes qui ont été traumatisées la plupart du temps de façon répétée, ces traumas ayant souvent commencé au cours de l’enfance. Des problématiques relationnelles, identitaires, de régulation émotionnelle, de l’image de soi, de consommation de substances, d’automutilation et de suicidalité, notamment, peuvent faire partie des conséquences du trauma, en plus bien sûr de la dissociation et des aspects post-traumatiques.

Les phases du traitement visent donc à aborder ces difficultés de manière telle qu’elles soient adaptées au niveau de fonctionnement de la personne qui consulte tout en dosant le travail du vécu traumatique. L’objectif est d’éviter la retraumatisation tout en améliorant le fonctionnement au quotidien.

Les phases sont les suivantes :

Phase 1 : Sécurité, stabilisation et réduction du symptôme

Phase 2 : Travail direct et en profondeur sur les souvenirs traumatiques

Phase 3 : Intégration de l’identité et réhabilitation

Références

International Society for the Study of Trauma and Dissociation [Chu, J. A., Dell, P. F., Van der Hart, O., Cardeña, E., Barach, P. M., Somer, E., Loewenstein, R. J., Brand, B. L., Golston, J. C., Courtois, C. A., Bowman, E. S., Classen, C., Dorahy, M., ̧ Sar,V., Gelinas,D.J., Fine, C.G., Paulsen, S., Kluft, R. P., Dalenberg, C. J., Jacobson-Levy, M., Nijenhuis, E. R. S., Boon, S., Chefetz, R.A., Middleton, W., Ross, C. A., Howell, E., Goodwin, G., Coons, P. M., Frankel, A. S., Steele, K., Gold, S. N., Gast, U., Young, L. M., et Twombly, J.]. (2011). Guidelines for treating dissociative identity disorder in adults, third revision. Journal of Trauma & Dissociation, 12 (2), 115–187.

Quel est le traitement recommandé pour la dépersonnalisation/déréalisation?

Traitement du trouble de dépersonnalisation/déréalisation (TDD)

Le traitement du TDD ne requiert pas nécessairement un modèle en trois phases (expliqué dans la section précédente) comme celui du trouble dissociatif de l’identité.  Les grandes lignes du traitement recommandé par les experts du domaine en psychologie sont exposées ci-dessous, mais il est important de considérer que la psychologue procède à une évaluation approfondie de chaque personne qui la consulte pour déterminer le meilleur traitement individualisé.

Pour traiter le TDD, de la psychoéducation peut être d’abord être utilisée, afin que la personne qui consulte puisse bien connaitre le TDD et bien comprendre l’impact de ses pensées, de son humeur et de ses comportements sur les symptômes du trouble.

Puis, la psychologue peut discuter avec le client de la gestion des symptômes. Les  façons dont la personne réagit face aux symptômes quand ils apparaissent peuvent être explorées, puis le psychologue peut aider la personne à développer des stratégies de gestion des symptômes qui en limitent l’exacerbation et permettent de mieux vivre avec ces derniers.

Les personnes atteintes de TDD tendent à être souvent envahies par des émotions intenses ou à se couper de leurs émotions. Les symptômes peuvent aussi être présents quand certaines émotions plus difficiles sont vécues. Les clients sont donc amenés à observer le lien entre leurs émotions et la présence des symptômes de TDD. L’apprentissage de la  gestion des émotions est aussi favorisé. Les affects dépressifs et anxieux, qui accompagnent souvent le TDD, sont aussi traités.

Le TDD peut être présent chez des personnes ayant vécu de la négligence, de même que des traumatismes dans l’enfance et/ou à l’âge adulte.  Les séquelles des traumatismes sont alors abordées et les souvenirs traumatiques peuvent être travaillés directement.

Finalement, l’intégration de techniques visant l’ancrage de la personne dans son corps et/ou  le grounding  dans l’environnement peut aussi être recommandée.

On me dit que le trouble dissociatif de l’identité (TDI) n’existe pas ou est induit par le thérapeute ou simulé par le client. Qu’en est-il, exactement?

Véracité du TDI

Les recherches scientifiques en psychologique  démontrent que les affirmations à l’effet que le TDI n’existe pas ou est fabulé sont fausses. Le trouble dissociatif de l’identité est un diagnostic qui est appuyé par des données scientifiques nombreuses et de grande qualité et qui jouit d’une reconnaissance consensuelle d’experts dans le domaine de la santé mentale.

En effet, les recherches démontrent que les critères diagnostiques utilisés pour diagnostiquer le TDI sont valides. Il s’agit d’un diagnostic clinique qui est posé un peu partout dans le monde, même dans des pays où le TDI n’est pas connu dans la culture populaire, autant par des experts que des non-experts dans le domaine de la dissociation.

D’autre part, l’hypothèse que le TDI peut être créé de toute pièce par une personne ou induit par un psychothérapeute a été vérifiée dans des études sérieuses, notamment  des méta-analyses. Ces études ont démontré qu’il y a peu ou pas de preuves scientifiques allant dans le sens que le TDI est causé par un thérapeute ou inventé par une personne qui dit en souffrir. Plutôt, il a été démontré de façon très crédible que le trauma cause le TDI.

Malheureusement, le scepticisme envers le TDI contribue au sous-diagnostic du trouble, ce qui a pour conséquence que des personnes en souffrant ne peuvent pas bénéficier d’un traitement approprié à leur condition.

Références

Brand, B. L., Sar, V., Stavropoulos, P., Krüger, C., Korzekwa, M., Martínez-Taboas, A. et Middleton, W. (2016). Separating Fact from Fiction: An Empirical Examination of Six Myths About Dissociative Identity Disorder. Harvard review of psychiatry24(4), 257–270.

Quel est le processus d’une demande de consultation en psychothérapie à la Clinique des troubles dissociatifs?

Processus d’une demande de consultation en psychothérapie

Chaque demande de consultation en psychothérapie est suivie d’une pré-évaluation téléphonique de quelques minutes afin de bien cerner le motif principal de la demande et nous assurer que nous serions la bonne ressource pour y répondre.  Puis, la demande est placée sur notre liste d’attente. Lorsque la personne est ensuite contactée, la démarche débute par une évaluation en vue de la psychothérapie de 3 à 5 rencontres, afin de bien vous connaître et bien cerner votre motif de consultation, comprendre comment les difficultés se sont développées et comment elles se manifestent, etc.  Suite à l’évaluation, une rencontre bilan est effectuée. La professionnelle rencontrée vous donnera ses impressions, ses recommandations et vous pourrez vous entendre ensemble sur la façon dont vos objectifs seront travaillés. La psychothérapie débute suite à la rencontre bilan.